sculpture-lumière: Julien Hogert
Musique: Marcos Franciosi
captation à la Bartfactory
Dans le cadre des ateliers d’artistes ouverts de Fontenay-sous-bois
le 27 mai 2018
Mille merci à
Sabine & Zoé Barthelemy, Florian Berthellot, Sebastien Bringer, Sergio Corrieri, Roberto D’Alessandro, Alexandra de Saint Blanquat, Marcos Franciosi, Cyrille Hubert, Mathieu Jourdan, Abdel el Khadi, Valeria Martinelli, Barbara Low, Benjamin Silvestre,
Et mon amour, Violeta Nigro-Giunta
A propos:
Dans son livre « L’horloger aveugle », Richard Dawkins, biologiste, remet à jour la théorie de l’évolution de Darwin, et se permet, dans un court passage, une vision d’anticipation assez émouvante : la question est de savoir comment les premières cellules seraient arrivées à un degré de complexité suffisamment élevé pour pouvoir se reproduire, et engendrer une possible évolution. À la théorie de la « soupe primordiale », Dawkins évoque une autre théorie selon laquelle les protéines auraient pu se servir de la réplication de cristaux de calcaire pour se répliquer, jusqu’à arriver à leur propre mécanisme de réplication. Comme pour bâtir une clé de voûte, le calcaire aurait été la structure initiale sur laquelle se serait construite la protéine, avant d’arriver à son autonomie. La vie organique pourrait donc avoir pris pour appui la minéralité. Dawkins s’amuse et fait le rapprochement entre les hommes et les ordinateurs : peut-être qu’un jour les ordinateurs, ayant gagné leur autonomie sur les fabrications des intelligences artificielles humaines, partiront à la recherche de leurs origines, et découvriront que les hommes ont été les structures archaïques sur lesquels ils se seront construits. Et, ironie de l’histoire, ils seront plus proches du calcaire que des protéines. L’histoire de l’homme et du carbone n’aura été qu’une digression. Finalement, sert-on un projet qui est notre propre finalité ?
Théo Jansen, le célèbre artiste néerlandais, auteur des Strandbeests, propose que ses créatures se seraient peut-être immiscées dans son cerveau pour que, justement, il les construise, les fasse connaître et qu’elles puissent se répliquer. Tout faiseur de Golem, de Pinocchios, d’automates ou de créature du docteur Frankenstein rêve aussi de l’intelligence et de l’autonomie pour leur créature, en se croyant être les auteurs de leurs pensées, alors qu’il s’agit peut-être déjà, des pensées de leurs créatures.
J’ai commencé à construire des mobiles de lumière suivant la voie de ces fabricants de machines vivantes et animé par ces mêmes questionnements. Fasciné par leur mouvement d’apesanteur, je vois dans ces tiges de carbones, ces leds qui se courbent, comme des roseaux qui plient au vent, des plantes qui grimpent au mur. Je leur prête des comportements organisés, et les pense capables de vivre dans la nature, comme si en toute finalité, c’était leur place. Comme s’ils étaient des prototypes d’un nouveau vivant. Loin d’une intelligence artificielle cérébrale, ma recherche idéale de l’intelligence artificielle serait basée sur l’instinct animal ou végétal : capable de toucher et de sentir, de se mouvoir. Une intelligence des mains et du contact.